Sabaidee 2 - Compte rendu

Rétrospective

Me revoilà pour de nouvelles aventures d’ordre humanitaires. Cette année fut une année un peu spéciale.

L’année passée à la même période, je m’étais rendu avec mon amie Natasha, dans le village laotien de Huay Bo afin de construire leur école en ‘’dur’’. J’avais vu cette école pour la première fois lors de mon tour du monde en 2011 et m’étais dit qu’elle avait besoin d’être reconstruite. 

Au Laos, il est de coutume de remercier les gens en organisant une cérémonie. Lors de cette cérémonie  que les habitant du village Huay Bo nous avaient organisé le 16 décembre 2015, un des chefs du village, Mister Keo (il y a trois chefs dans ce village) m’avait demandé si je ne pouvais pas revenir l’année prochaine afin de leur construire deux réservoirs d’eau et de construire la 2^ème partie de l’école ! Je lui avais répondu que je ne pouvais pas lui promettre de revenir …

En repartant du village de Huay Bo, la demande de Mr Keo me trottait dans la tête … tout simplement car l’eau, c’est mon job … je travaille dans le domaine de l’eau depuis 1991 ! Je me sentais un peu obligé de réaliser ce projet …

Avril 2016

Vendredi 29 avril 2016, j’inaugurais mon exposition de photos ‘’un regard différent’’ dans deux caves à vin du village où j’habite, Praz. Cette exposition a eu un énorme succès grâce notamment aux articles parus dans la presse régionale qui ont eu grand écho.

J’organisais cette exposition dans le but de financer mes trois nouveaux projets en Asie du sud-est :

• La construction de la 2^ème partie de l’école de Huay Bo au Laos … comme me l’avait demandé Mr Keo.

• La construction de deux réservoirs d’eau, toujours dans le village de Huay Bo au Laos … afin de réaliser le vœu des habitants de ce village.

• Mon troisième projet est de venir en aide aux porteurs de souffre du Kawah Ijen en Indonésie, projet planifié pour 2017 ou 2018.

J’avais Initialement prévu de réaliser les projets au Laos en 2017, mais au vu du succès de mes récoltes de fonds et surtout de très gros dons de particuliers, je me devais de réaliser ces premiers projets cette année.

Début décembre 2016 - Préparatifs avant le voyage

Travaillant dans le domaine de l’eau et en repensant à la demande de Mr Keo concernant les réservoirs d’eau, je regardais depuis quelques mois déjà les différentes technologies de potabilisation de l’eau afin de pouvoir apporter un petit plus aux habitants du village de Huay Bo. En sachant que l’électricité n’est pas présente dans ce village, un traitement de l’eau de ruisseau devient un peu plus compliqué ! Un système de purification d’eau fonctionnant avec une panneau solaire serait possible mais le coût d’achat et de transport de ces panneaux plomberait fortement mon budget ! D’autres systèmes ont également été étudié mais rien de très intéressant … jusqu’au jour ou en ’’surfant’’ sur internet je suis tombé sur les filtres de purification de l’ONG Terra Clean. Cette ONG établie en plus au Laos a développé des filtres en céramique. Après avoir pris contact avec cette ONG et après avoir contrôlé ce procédé de traitement avec deux collègues de travail, je me suis lancé un petit défi ! Trouver en deux semaines, 45 sponsors à 100 CHF (le prix d’un filtre) afin d’apporter, durant mon séjour au mois de décembre, les filtres à toutes les familles du village de Huay Bo ! Merci aux réseaux sociaux car en 10 petits jours, tous les filtres ont trouvé preneur ! Khop chai lalai (merci beaucoup en laotien).

16.12.2016

Sabaidee (bonjour en laotien) !

Je suis enfin arrivé dans l’un de mes deux plus beaux pays au monde ! Le deuxième étant la Birmanie. Départ le 14 de Zurich, via Dubaï et arrivé le 15 au soir à Bangkok. Petite nuit proche de l’aéroport de Bangkok et décollage en milieu de matinée (1h45 de vol depuis BKK) pour Luang Prabang.

Luang Prabang, cette petite ville d’environ 45'000 habitants, inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité. Une atmosphère très zen plane dans cette petite bourgade au bord du Mékong. On trouve une trentaine de pagodes bouddhistes, appelées Wat, où de nombreux moines étudient. Au Laos, les populations des campagnes sont très pauvres ! Afin de permettre une bonne éducation à leur garçon, il était de coutume de les envoyer, dès l’âge de 8 ans, dans un Wat. C’était la seule possibilité de leur apprendre à lire et à écrire ! A moins de vouloir consacrer leur vie dans le bouddhisme, ces jeunes moines ressortiront à l’âge d’environ 18 ans de leur monastère. Pour la petite anecdote, en 2011 j’avais fait la connaissance d’un jeune moine qui avait quitté son monastère le jour avant notre rencontre, après y avoir passé 4 ou 5 années. J’étais resté bouche bée en découvrant son incroyable niveau d’intelligence ! Il connaissait de très larges domaines sur le monde en général et sur son fonctionnement, sur les religions, sur les conflits mondiaux, etc ... J’avais essayé par plusieurs manières de reprendre contact avec lui l’année dernière, mais n’avais malheureusement pas réussi.

Selon la demande de Mr. Keo, le village aimerait construire deux réservoirs d’eau de 8'000 litres chacun (2,0 x 2,0 x 2,0 mètres) en béton. Il m’avait demandé si je pouvais financer ce projet devisé selon lui à 1'500 US$ par citerne. En discutant de ce projet avec mes collègues de travail, plusieurs d’entre eux m’avaient fait remarquer qu’il est très difficile de rendre étanche du béton sans système de vibration du béton. Comme l’électricité n’est pas présente dans le village, ce système de vibration sera difficile voir impossible à mettre en place ! De ce fait, je m’étais fixé dans ma tête de remplacer ces réservoirs en béton par des citernes en acier ou en matériaux synthétique. En tous les cas, je n’ai pas envie de leur imposer un système. J’en discuterai avec le chef du village, par le biais de mon traducteur local Mr Keo, dès mon arrivée dans le village.

Ce soir, lors d’une belle discussion avec Toui, le patron d’un succulent restaurant laotien traditionnel Café Toui Restaurant à Luang Prabang (ah ! les superbes saveurs des aliments … à se relever la nuit), ce dernier me propose de venir avec moi le lendemain matin pour aller se renseigner sur les prix des citernes à eaux à l’extérieur de la ville de Luang Prabang.

17.12.2016

Nous partons avec la petite moto de Toui (sans casque bien entendu … c’est le Laos) et nous arrêtons chez un premier quincailler. Une citerne en acier inoxydable de 1'600 litres est exposé devant le shop. Elle est très légère donc très maniable. La même citerne d’une capacité de 3'000 litres coûte 3'600'000 Kip, environ 460 CHF, sans le transport bien entendu. Malheureusement pas de citerne en matériaux synthétique ici. Nous continuons notre route et nous arrêtons dans une deuxième quincaillerie, beaucoup plus grande que la première. Là, je trouve quatre sortes de citernes différentes :

• La même citerne qu’auparavant d’une capacité de 5'000 litres pour 4'570'000 Kip, environ 580 CHF

• Une citerne sphérique à enterrer de 3'000 litres en matériaux synthétique, mais très lourde.

• Deux citernes en matériaux synthétique de différentes marques, de 2'000 litres chacune, dont les prix sont abordables, entre 670 et 710 CHF

J’explique alors à Toui qu’avec ce que j’ai vu, cela me suffit amplement à  ce stade. Ça me donne déjà un ordre de grandeur de budget à prévoir. Je prendrai également le temps demain pour regarder les prix dans la petite ville de Nong Khiaw avant de prendre le bateau pour remonter la rivière Nam Ou et me rendre à Muang Ngoi.

Petit déplacement au marché local afin d’acheter un petit peu de matériel scolaire pour les enfants du village (crayons de couleur + cahiers).

18.12.2016

Un petit tuk tuk passe me chercher à ma guesthouse vers 8h30 ce matin et m’amène à la station de bus. Nous partons de Luang Prabang vers 10h15 … pour 4 heures de route. Ce petit bus de 11 personnes est plein de voyageurs francophones. Arrivée à Nong Khiaw, embarquement sur la pirogue et 1h15 environ de navigation sur la rivière Nam Ou. Durant ce trajet, nous avons eu un petit problème de moteur au milieu du parcours … démontage du moteur par le capitaine avec comme spectateurs, 3 moines qui attendaient un bateau pour se déplacer … pontage de la batterie avec un autre bateau et arrivé à Muang Ngoi sans problème.

Ah Muang Ngoi ! Toujours autant calme et reposant ce petit village. Petit soupé fort sympathique en compagnie de 5 autres voyageurs … partage de nos expériences réciproques, discussions de vos itinéraires futurs … bref le bonheur du voyageur tour du mondiste.

C’est décidé, demain je vais faire la surprise aux habitants du village de Huay Bo. Je ne vais pas téléphoner à Mr Keo mais me rendre à pieds avec mes 5 compagnons voyageurs !

19.12.2016 - Mes retrouvailles avec les villageois de Huay Bo

Après un bon petit déjeuné chez Gabriel, un suédois qui était venu à Muang Ngoi en 2010 pour une semaine et qui n’est jamais reparti d’ici (il est maintenant marié et à trois enfants), départ de Muang Ngoi à destination de Huay Bo. Les paysages sont toujours autant splendides (montagnes, ruisseaux, rizières, calme absolu) !

Pour accéder au village, comme toujours, il faut se déchausser et traverser le petit ruisseau (profondeur à cette saison 15 à 20 cm). Les habitants riches du village ont installé des turbines hydroélectriques. Elles leurs permettent d’avoir un petit peu d’électricité dans leur maison … mais s’il n’y a pas d’eau, pas d’électricité !

Nous arrivons vers midi dans le village de Huay Bo. L’école est malheureusement fermée aujourd’hui. Le professeur de l’année dernière est à l’hôpital pour une opération de l’estomac (il devrait y rester un mois). Son remplaçant a lui dû se rendre à Nong Khiaw. Je découvre quand même l’école terminé au travers des fenêtres en bois. De beaux souvenirs me reviennent en tête. J’observe encore la seconde classe que je veux construire en dur cette année et poursuit mon chemin jusqu’au petit restaurant-guesthouse de Mr. Keo.

Mr. Keo me reconnait bien entendu tout de suite et est tout content de me revoir ! Avec mes compagnons de trek, nous nous mettons à table pour un petit repas.

Après ce petit lunch, un deuxième chef du village nous a rejoints. Nous nous asseyons autour d’une table et je commence à leur expliquer mes projets de cette année. Nous pouvons facilement lire sur leur visage de magnifiques sourires. Pour le réservoir d’eau (l’année dernière il m’en avait demandé deux), ils préfèrent construire le réservoir d’eau en béton au lieu de ma proposition (citernes en acier ou en matériau synthétique). Mr Keo connaitrait quelqu’un qui a déjà réalisé ce genre de citerne à Luang Prabang … il va le faire venir ici pour me montrer son idée de construction et pour définir un budget. Nous parlons également de l’école mais, en termes d’investissement, ils préfèrent mettre la priorité sur la construction du réservoir que de l’école ! Je les informe directement que les deux projets pourront être réalisés en parallèle ! Si tout va bien on pourra même leur construire deux réservoirs d’eau.

En ce qui concerne l’école, nous nous rendons sur place et prenons quelques mesures du bâtiment. Je leur explique qu’il faudrait continuer dans le même style de construction que l’année dernière. J’aimerais également construire des toilettes pour les enfants et si possible changer la toiture du bâtiment, mais pour ça j’ai besoin de prix. Les sourires illuminent leur visage … sans vous parler des filtres de purification d’eau qui seront livrés à chaque famille ! Ils me remercient tous pour ce que je leur apporte ! J’explique bien à Mr. Keo que grâce à la générosité de généreux donateurs, on va arriver à réaliser ces projets, chose qu’il comprend très vite et qu’il traduit directement aux autres participants.

Au passage, nouveau projet, avec la mise en place d’une petite conduite d’eau depuis la fontaine du village jusqu’à l’école (environ 150 mètres). Les enfants pourront directement remplir les 2 filtres de purification d’eau prévus dans les deux classes sans devoir porter des seaux d’eau à travers le village.

Rendez-vous avec lui demain matin à Muang Ngoi, chez le chef de chantier de l’année dernière … pour parler business …

Publication du 22.12.2016

20.12.2016 - Négociations

Rendez-vous à 9h00 ce matin avec Keo. Nous allons retrouver le chef de chantier de l’année dernière. Tout content de me revoir, il accepte sans autre de diriger les travaux de ce nouveau chantier. Nous nous installons sur la natte de sa maison et calculons ensemble les différentes quantités de matériel à acheter. Avec ma liste de prix des matériaux achetés l’année dernière, je remarque qu’il sera tout à fait possible de construire une toilette séparé. C’est un très bonne nouvelle pour nous tous ! La toilette sera construire en béton armé et en brique.

En ce qui concerne la toiture, le contremaître préfère se rendre sur place à Huay Bo afin de regarder la charpente actuelle et ainsi me faire la liste de matériel qu’il faudrait acheter. Toiture en suspens pour l’instant.

Je négocie encore avec lui le montant pour sa prestation et nous nous entendons rapidement sur un prix : 7'500'000 Kip … environ 970 CHF l’ensemble du travail pour tous les ouvriers. Les travaux débuteront demain déjà (pas besoin de permis de construire ici) ! Bonne chose de faite.

Je me rends ensuite chez le commerçant de matière première de Muang Ngoi. C’est ici que l’on trouve tous les matériaux de construction. Nous passons en revue la liste complète des matériaux à acheter et nous tombons d’accord sur un prix global avec la livraison par petit camion dans le village de Huay Bo … comprenant pour la 2^ème partie de l’école et pour les toilettes :

800 briques

45 sacs de 25 kg de ciment

1.0 m3 de cailloux

2.0 m3 de sable

36 segments Eternit pour la toiture des toilettes

20 fers à béton de diamètre 6 mm

10 fers à béton de diamètre 10 mm

18 kg de grands clous

18 kg de petits clous

3 rouleaux de fils de fers pour le ferraillage

1 toilette turc

1 ensemble de conduite PVC

Le tout pour un montant total de 12'000'000 Kip … environ 1'550 CHF. Il manquera encore le bois pour les fenêtres et la peinture et si tout va bien, la toiture.

Après recomptage des familles, il faudra 44 filtres pour les familles, 2 filtres pour l’école et 1 filtre pour le temple bouddhiste, donc 47 filtres. En ce qui concerne le transport de ces filtres et étant donné qu’une pseudo route est construite entre Nong Khiaw et Muang Ngoi, il serait préférable que ça soit un habitué du coin qui s’occupe de l’acheminement des filtres de purification dans le village. Le prix pour le transport étant identique à celui de l’ONG, le transport des filtres se fera par le commerçant de matière première, vendredi et samedi prochain. Je serai même du voyage. 

En ce qui concerne les réservoirs d’eau, nous attendons l’arrivée d’un jour à l’autre d’un ami à Keo. Le matériel sera commandé ultérieurement.

Nous nous rendons ensuite chez le menuisier du village et commande de :

10 pupitres pour les élèves

10 bancs 

1 bureau pour le professeur 

1 chaise pour le professeur 

1 porte pour la salle de classe 

1 porte pour les toilettes

Le tout pour un montant total de 6'200'000 Kip … environ 800 CHF

21.12.2016

Je retrouve à nouveau Keo à 9h00. Nous allons voir le chargement du sable sur le camion. Trois voyages de matériel seront fait aujourd’hui. Nous allons également voir la fabrication des briques. L’ami constructeur de réservoirs n’arrivant que demain, je décide de ne pas me rendre aujourd’hui au village de Huay Bo mais d’attendre demain.

Avec mes compagnons voyageurs de l’autre jour, nous en profitons pour aller faire un bon trek jusqu’au petit village de Hoysan situé à 1h30 de marche de Muang Ngoi, village que je n’avais encore jamais découvert.

22.12.2016

Je retourne ce matin au village de Huay Bo en moto. Les travaux ont déjà débuté. Les villageois ont creusé le trou pour les toilettes, ont enlevé les parois en bois de l’ancienne classe, ont rehaussé le niveau du sol de la futur classe et ont déjà préparé les coffrages pour le béton de la future dalle. Ils sont maintenant en attente des sacs de ciment qui doit lui arriver demain. Selon mes prévisions, je pense que la toiture devrait être possible à reconstruire. Nous attendons encore un prix avant de me décider.

Au retour, nous nous arrêtons dans le village avant pour acheter les lattes de bois qui seront utilisées comme fenêtre pour 1'500'000 Kip … environ 200 CHF.

Au milieu de l’après-midi, l’ami de Keo arrive afin à Muang Ngoi. Il est venu en moto depuis Luang Prabang. On voit rapidement qu’il est contremaître car il me présente directement sa calculation de prix pour la réalisation d’un réservoir de 2,0 x 2,0 x 2,0 mètres, donc 8'000 litres d’eau pour un montant d’environ 23 millions de Kip (environ 3'000 CHF). Je veux quand même m’assurer qu’il connait ce type de construction en béton et allons voir à 200 mètres de là, deux réservoirs qu’il a construit dernièrement dont la hauteur d’eau à l’intérieur est de 2,0 mètres. Je suis réconforté dans le choix de la technologie par les habitants de Huay Bo et je sais dès à présent que je peux lui faire confiance.

Mon budget étant un peu plus élevé pour ce projet de réservoir, je lui propose de réaliser le même réservoir que l’on vient de voir d’un volume de 12'500 litres (2,5 x 2,5 x 2,0 m). En sachant qu'il y a 44 familles dans le village, la réserve d'eau sera de 280 litres d'eau par famille. Selon Keo, chaque famille utilise en moyenne entre 30 à 40 litres d'eau par jour. Cela représentera un temps de stockage d'environ 1 semaine pour le village entier. En comparaison, en Suisse nous utilisons en moyenne 180 à 200 litres d'eau par jour et par personne pour boire, se laver, laver la vaisselle, pour les toilettes, pour cuisiner, etc ... !!! Un autre monde ...

Le montant global de cette construction sera de 28'370'000 Kip … env. 3'600 CHF ! Keo est aux anges !

Pour terminer cette belle journée, j’informe Keo que la toiture de l’école sera également changée pour le montant de 11'640'000 Kip … env. 1'500 CHF !

Keo : Je retourne immédiatement au village annoncé ces merveilleuses nouvelles aux habitants !

Il y a des jours pires que ça il me semble …

Ah, j'oubliais ... vous avez déjà vu une liasse de 37 millions de Kip (environ 4'600 CHF) ...

Publication du 25.12.2016

23.12.2016 - L'aventure

Ce matin c’est jour de marché à Muang Ngoi. Tous les 10 jours se tient le marché tant attendu par les habitants du village. On y trouve de tout … des habits ‘’made in China’’ mais surtout dans la China Style, des agriculteurs de la région qui viennent vendre leurs récoltes, des pêcheurs avec leurs poissons, des quincailliers avec leurs outils et autres gadgets, un boucher qui n’a jamais connu la chaîne du froid, un vendeur de dvd du style bollywood laotien ou dvd de matchs de boxe thaï, de karaoke laotien (ils adorent ça) … un vrai bonheur pour nos yeux de voyageurs. De petites gargouilles proposent d’excellentes Pheu (soupe laotienne), d’autres des brochettes de pattes de poulet (juste à voir, ça ne donne pas envie), d’autres encore des trucs bizarres vert fluo … le vrai marché d’Asie ouvert de 6h30 à 10h00 ! Je croise passablement d’habitants de Huay Bo, qui ont fait le déplacement très tôt ce matin afin de faire leurs emplettes.

J'ai rendez-vous à 10h30 avec le commerçant des matières premières, que j’appellerai dès à présent the Boss et qui ne parle pas un mot d’anglais. Le départ pour Udomxai est prévu pour 11h00. Cependant, à 11h00 Keo me téléphone pour m’informer que le Boss a eu une casse mécanique avec son 2^ème camion. De ce fait, il est en ce moment en route pour Huay Bo avec son 1^er camion afin de livrer une partie des 800 briques que j’ai besoin pour la construction de l’école et des toilettes. Le départ est donc repoussé à 14h00.

Nous parton à 14h30 de Muang Ngoi. Nous sommes trois personnes dans la cabine du petit camion utilitaire. La piste que nous empruntons ? Indescriptible ! 2 heures  pour faire 23 km … ce qui donne une très petite moyenne de vitesse ! Ayant fait chauffeur à l’armée suisse, je me retrouvais dans les pistes d’essai de mon école de recrue de 1988 au volant de Pinzgauer 6x6 mais ici, sans les normes de sécurité de chez nous. Pour être franc, j’ai eu quelques sueurs en voyant l’état des routes et surtout en voyant les nombreux glissements de terrain. A certaine place seuls 50 centimètres nous séparaient du vide. Heureusement qu’il ne pleuvait pas ce jour-là, car sans ça, j’aurais continué à pieds. Je ne savais pas qu’il était possible de rouler avec un petit utilitaire sur de telle route ! Nous avons également traversé 5 ruisseaux sans trace d’un éventuel pont … passé deux ‘’ponts’’ en troncs et planches en bois (à se demander comment on a réussi à passer) … et les glissements de terrain … 60 à 80 mètres de vide et en bas, la rivière Nam Ou … aucune sécurité ! Ben non, c’est une vraie piste en terre rougeâtre. En temps de pluie, selon moi, impraticable ! Mais bon si j’écris ces lignes c’est que je suis rentré sain et sauf.

Nous avons également traversé 2 villages où tous les habitants nous regardaient étrangement. Dans la 2^ème moitié de ce tronçon nous nous sommes rapidement arrêtés à l’endroit ou le 2^ème camion du Boss se trouvait. Le moyeu arrière était cassé. Un de ces ouvriers avait passé la nuit dans le camion car je pense que si l’on laisse un tel véhicule dans un endroit perdu comme ici, on risque fort de ne pas le retrouver le lendemain … ou de le retrouver en pièces détachées !

Depuis Nong Khiew, la route est goudronnée. Nous nous arrêtons bien entendu en route dans un petit village pour acheter un nouveau moyeu arrière et reprenons notre route. Bien entendu ici, petit détour de 45 minutes et arrêt supplémentaire dans un autre village afin de livrer la cargaison de sable au fils du Boss. La nuit est à présent tombée et je pense déjà à cette route sinueuse et dangereuse qui mène à Udomxai. Je l’avais déjà prise l’année dernière. Elle était en reconstruction par les chinois (Au Laos, les chinois font tout ! Ils construisent de gigantesques barrages, construisent les grands axes routiers mais bien entendu l’argent retourne chez eux …). Pour faire 80 km, il nous avait fallu 8 heures de trajet ! Interminable trajet … et c’est cette route que nous devons prendre ce soir !

Nous reprenons la route vers 19h00 du village de son fils en direction d’Udomxai et heureusement cette route toujours autant sinueuse est derrière nous après seulement 2 petites heures ! Elle est bien large, sans nid de poule, avec des panneaux de signalisation routière comme chez nous, un vrai régal.

24.12.2016 - Filtres de purification d'eau

Nous repartons à 8h20 ce matin de ma guesthouse. Le Boss est allé dormir lui dans sa famille. Son neveu nous accompagne pour aller charger les filtres de purification d’eau que nous chargeons rapidement sur l’utilitaire. Nathan, le responsable de l’ONG d’origine américaine et vivant au Laos depuis 10 ans, nous explique le fonctionnement des filtres. Mes deux compères ont l’air très intéressés par ce système.

Les filtres chargés, nous reprenons la route vers 9h20 mais nous arrêtons rapidement dans un garage. En effet, le grincement continu de l’utilitaire demande à être réparé … chose faite en 2 heures de temps … dans un vrai garage système D ! 

Quel bonheur de refaire la route sinueuse en sens inverse mais cette fois en pleine journée, Tout au long de la route, se trouvent des villages. Depuis une dizaine d’année, le gouvernement laotien a demandé aux populations des différentes ethnies vivant dans les montagnes, et en passant qui brûlaient les nombreuses forêts pour pouvoir ensuite cultiver la terre, de redescendre au bord des routes. En contrepartie, des maisons leurs seraient construites gratuitement. Juste à regarder par la fenêtre, on voit dérouler sous nos yeux comme un film de plus de cent ans. Par contre, le danger est omni présent ! Nombreux sont les petits bambins de 2 ans marchant seuls au bord de la route bien entendu sans trottoir … et ces gros camions de marchandises de 40 tonnes qui passent à un mètre d’eux … je pense que les accidents mortels doivent être très fréquents ! Cette route relie le Laos au Vietnam et en Chine. Elle est de ce fait très importante pour le commerce, d’où ces très gros camions aux plaques chinoises ou vietnamiennes, remplis à ras bord et dont les freins fument et deviennent même rouge en descente ! Ils sont dotés d’un système d’injection made in China d’eau sur les freins … et après chaque descente, les chauffeurs s’arrêtent pour remplir à nouveau les réservoirs d’eau de refroidissement des freins avant d’affronter la prochaine descente … des vrais dangers publics pour ces populations vivant au bord des routes.

Nous arrivons de nuit à Muang Ngoi, non sans avoir à nouveau sué sur la fameuse piste de l’enfer … de nuit cette fois ! Le Boss lui va amener les filtres directement au village de Huay Bo, pour ma part je reste ici et profite d’une bonne douche et d’un bon repas. La distribution des filtres aux habitants du village se fera demain matin.

25.12.2016 - JOYEUX NOËL

Désolé d'avance pour les âmes sensibles ...

Histoire vraie et tellement belle que j’avais lu pour la première fois un jour de Noël dans le Journal du Jura (quotidien francophone de Bienne) quand j’étais petit garçon :

En 1897, peu avant Noël, la rédaction du «New York Sun» (premier journal de boulevard du monde) reçut une lettre singulière: Virginia, huit ans, fille du médecin new-yorkais Philipp O'Hanlon, demandait au journal si le père Noël existait vraiment. «Cher Monsieur le rédacteur, j'ai huit ans. Certains de mes amis prétendent que le père Noël n'existe pas. Papa dit que si le 'Sun' l'écrit, ça doit être vrai. S'il vous plaît, dites-moi la vérité: le père Noël existe-t-îl vraiment? Virginia O'Hanlon, 115, West 19th Street.» 

La réponse du rédacteur Francis P. Church fit la une et son contenu, qui avait profondément touché des milliers de gens, alimenta les conversations de ce jour-là. A l'époque de Noël 1898, des centaines de lettres parvinrent à la rédaction du «Sun», la priant de publier à nouveau la réponse à cette question, ô combien délicate. 

Le journal accéda à leurs vœux. C'est ainsi que fut instaurée la tradition de publier chaque année le texte: «Oui, Virginia, le père Noël existe!»

Oui, Virginia, le père Noël existe

Tes petits amis ont tort. Ils sont pris par le scepticisme d'une époque méfiante et ne croient plus que ce qu'ils voient. Ils pensent que ce qu'ils sont incapables de saisir, dans les limites de leur esprit, n'existe pas. Tout esprit humain est étroit, Virginia, qu'il soit adulte ou enfant, cela ne fait aucune différence. Au sein du cosmos, l'homme est comparable à un insecte: une fourmi avec des raisonnements de fourmi face à l'univers incommensurable et à l'Esprit qui, seul, est capable de tout connaître et de tout comprendre. 

Oui, Virginia, le père Noël existe. Aussi sûrement que l'amour, la générosité, la fidélité existent. Et tu n'ignores pas que ces sentiments abondent et qu'ils t'offrent la vie dans toute sa beauté et sa joie. Comme le monde serait triste si le père Noël n'existait pas et s'il n'y avait pas de petites Virginia. Il n'y aurait alors plus de croyances enfantines. Poésie et de romantisme pour rendre cette vie supportable. Nous n'aurions plus de plaisir que dans les choses que nous pouvons comprendre et saisir avec nos sens. La lumière éternelle que l'enfance projette sur le monde serai à tout jamais éteinte. 

Si tu ne crois pas au père Noël, tu pourrais tout aussi bien ne pas croire aux contes. Tu pourrais demander à ton papa d'engager des gens chargés de surveiller toutes les cheminées pour essayer d'attraper le père Noël le soir de sa tournée. 

Et si aucun d'eux ne voyait le père Noël y descendre, qu'est-ce que ça prouverait? Si l'on ne voit pas le père Noël, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas. Les choses essentielles de la vie sont celles que ni les enfants, ni les adultes ne peuvent voir. As-tu jamais vu les lutins danser sur la lande? Bien sûr que non, mais ça ne prouve rien. Personne n'a le pouvoir de créer ou d'imaginer les miracles intangibles et invisibles qui se produisent de par le monde. 

Tu peux casser un hochet pour voir ce qui fait du bruit à l'intérieur. Mais l'univers impalpable est entouré d'un voile qui ne saurait être déchiré par l'homme le plus fort, ni par les efforts conjugués de tous les hommes les plus robustes qui aient jamais vécu. Seuls l'amour, la foi, la fantaisie, la poésie et le romantisme parviennent à soulever un pan de ce voile pour révéler la beauté surnaturelle et les merveilles qu'il cachait. Est-ce que tout cela est vrai? Virginia... Il n'y a rien au monde de plus vrai et de plus durable. 

Dieu soit loué, le père Noël existe et existera toujours. Dans des milliers d'années, Virginia, non, dans dix fois dix mille ans, il sera toujours là pour réjouir le cœur des enfants.

Oui, Virginia, le père Noël existe ! 

Et maintenant ... deuxième lettre de la petite Nolaï du village de Huay Bo à Virginia …

Chère Virginia, oui le père Noël existe vraiment ! Il est venu aujourd’hui dans notre village … je prends le temps de te raconter …

Malgré les deux siècles qui nous séparent, le progrès n’a pas vraiment atteint mon village. Tu sais à Huay Bo, l’eau que nous avons provient d’un petit ruisseau. Mon papa, mes oncles et d’autres messieurs du village ont installé des tuyaux depuis le ruisseau jusqu’au village, et construit quelques fontaines. En générale l’eau sortant de la fontaine est limpide et transparente mais après chaque averse de pluie, cette belle eau devient brunâtre et nous ne pouvons pas l’utiliser, mais quand je dis l’utiliser ce n’est pas pour la boire telle qu’elle sort de la fontaine, oh non ce serait vraiment trop beau et trop facile …

Non, ma grande sœur qui a 6 ans va tous les jours dans la forêt avec ma maman à la récolte de bois pour pouvoir continuer d’approvisionner le feu. On le garde tout le temps allumé pour éviter de devoir l’allumer tous les matins, midis et soirs. Elles ramènent environ 20 kg chacune de bois de diamètre pas trop gros. Oui Virginia ! Malgré son jeune âge, ma grande sœur doit aussi porter sur ses petites épaules, en fin de journée, ses deux paquets de bois … et moi je devrai aussi le faire très bientôt mais c’est ainsi … ça se fait comme ça depuis des génération et ça continuera très certainement encore pendant de nombreuses années. 

Donc tous les jours, nous faisons bouillir des casseroles d’eau pour nous désaltérer et pour pouvoir cuisiner. Dès que l’eau a refroidi, nous la versons dans des grosses bouteilles en PET d’environ 20 litres et la stockons ainsi. En cas de mauvais temps, nous avons un peu de stock pour que maman puisse cuisiner. Pour boire, par contre, nous devons acheter des bouteilles d’eau … mais tu sais pour notre famille, ces bouteilles sont chères ! 

Mon grand-papa possède 2 hectares de rizière mais il est trop âgé pour s’en occuper. C’est donc mon papa, ma maman et quelque fois ma grande sœur qui s’en occupent. Comme nous manquons d’eau nous ne pouvons faire qu’une seule récolte par année. Mon papa produit 5'000 kg de riz par année et nous en consommons 1'000 kg pour notre propre consommation. Mon papa distille encore 1'000 autre kg en ce qu’on appelle le Lao Lao, l’alcool traditionnel laotien et peut remplir 1'000 bouteilles de Lao Beer de 640 ml. Tu sais Virginia, ici on ne fait pas souvent des fêtes mais quand on la fait, mon papa et ses copains boivent beaucoup de Lao Lao … Les 3'000 kg de riz restant, on le revend au Boss du village d’à côté qui s’occupe de le revendre plus loin. J’ai entendu une conversation d’adulte où ils disaient que le riz se vendait 5'000 Kip (60 cts CHF) par kg. Je ne sais pas combien coûte un kg de riz chez toi ! Donc tu vois, on n’est pas trop pauvre et pas trop riche ! Avec le riz, on peut vivre normalement mais sans plus (env. 150 CHF / mois). 

Ce matin, mon papa m’a prévenu que le père Noël était venu dans le village cette nuit et avait déposé des cadeaux pour toutes les familles de Huay Bo dans l’école … mais il n’a pas voulu me dire ce que c’était. 

Ce matin, nous avons tous dû aller à l’école car une distribution de cadeau à toutes les familles allaient avoir lieu ! Nous les enfants, on a couru comme des fous pour voir si le père Noël était encore là mais non il était déjà reparti ! Par contre nous avons vu ce qu’il nous avait apporté et quand on a vu ces énormes cartons et ces grosses bouteilles en plastiques bleues, ma maman m’a vite expliqué ce que c’était. Papa et maman étaient aux anges en sachant qu’ils allaient recevoir un filtre de purification d’eau ! Tu te rends compte Virginia que depuis aujourd’hui, ma grande sœur devra très certainement aller moins souvent chercher du bois dans la forêt et ne devra de ce fait moins porter du lourd sur son petit dos ! Avec un peu de chance je passerai entre les gouttes J. Tu te rends compte que depuis aujourd’hui nous allons pouvoir boire de l’eau quand on veut et comme on veut juste en mettant un verre sous le filtre et en l’ouvrant ! Je ne sais pas si tu avais aussi un tel système chez toi Virginia … mais pour nous c’est une grande nouveauté et sommes très heureux de pouvoir l’utiliser tout de suite. J’ai oublié de te dire que nous n’avons non plus pas d’électricité chez nous …

Alors oui Viginia, le père Noël existe vraiment mais selon papa et maman ce père Noël a beaucoup de prénoms! Le père Noël se prénomme … Bernard, David, Fabien, Claire-Lise, Yvan, Valérie, Fabrice, Sandra, Frédéric, Régula, Natasha, Pierre, Nancy, Vincent, Martin, Alexandra, Christelle, Simon, Sandra, Cathy, Siggs, Maurice, Käthi, Wadi, Marcelle, Suzanne, Jean-Pierre, Daniel, Raph, Marc, Lalo, André, Dan, Marie, Benoit, Mimi, Nicole, Jo, Machine, Manon, Stéph, Sarah, Roland, Bernard, Marlyse, sans oublier leurs conjoints, conjointes et enfants, etc …

Tu sais Virginia, j’ai encore entendu une autre discussion d’adulte qui disait que le père Noël était déjà venu il y a une semaine pour débuter la construction d’une nouvelle classe à l’école, des toilettes pour l’école et un gros réservoir d’eau pour stocker notre eau … alors je te répète Virginia et je suis certaine …

Oui Virginia, le père Noël existe …

En parallèle, la construction de l’école suit son court ! Une partie des briques ont été livrée et les travaux sont en cours de séchage pour les toilettes.

Publication du 01.01.2017

26.12.2016 - 30.12.2016

Aux dernières nouvelles, les cailloux pour réaliser le radier en béton de l’école et des toilettes devaient être livrés hier après-midi 25 décembre. Le matériel pour de réservoir devait lui aussi arriver par camion directement de Luang Prabang aujourd’hui 26. Des arbres ont été abattus par les habitants à l’emplacement où le réservoir viendra construit. 

Pour ma part, j’ai pris quelques jours de répit ! Je suis reparti de Muang Ngoi le 26 pour me rendre à Luang Prabang et le lendemain matin 27, je suis monté dans un avion à destination de Bangkok. Natasha, mon amie, arrivait également ce mardi 27 à Bangkok. Elle n’a pas pu partir en même temps que moi cette année, mais dès à présent nous terminerons ce voyage ensemble. 

Le lendemain 28 décembre, nous avons repris un autre avion depuis Bangkok pour retourner à Luang Prabang et sommes restés dans cette petite et paisible ville un jour de plus afin de pouvoir y flâner et prendre du bon temps, sans oublier une session de massage laotien !

Nous repartons pour Muang Ngoi aujourd’hui 30 décembre. Nous sommes très contents de se retrouver ici au milieu de nulle part dans un endroit comme nous les adorons, très très zen et calme …

31.12.2016

Keo et le papa de la mignonne petite Dao sont venus nous chercher ce matin en moto … en route pour Huay Bo !

Arrivée au village c’est la grande et agréable surprise ! Tous les habitants du village sont au travail … hommes, femmes et enfants … certains, une pelle à la main, ouvrent une fouille pour y poser le tuyau d’eau qui traversera tout le village et qui alimentera les futurs toilettes de l’école … d’autres, toujours une pelle à la main, en profitent pour déterrer les anciennes conduites défectueuses afin de les réparer avec les moyens du bord …

… je retourne voir l’avancement du chantier de l’école est c’est une deuxième superbe surprise … Le radier est coulé, les murs en briques sont construits … le cadre de la porte est posé et les ouvriers poses les lattes en bois qui feront offices de fenêtre … c’est génial comme ça avance …

… les toilettes également sont bien avancées … la dalle de la fosse est bétonnée … le radier du cabinet est coulé et les murs sont en cours de construction …

… quant au réservoir … nouvelle excellente surprise … les ouvriers de ce chantier décoffrent l’intérieur de l’ouvrage et s’occupent directement d’appliquer un crépi sur les murs intérieurs … je leur demande de bien respecter les 28 jours de séchage avant de remplir en eau le réservoir … la dalle de recouvrement du réservoir sera coulée la semaine prochaine … mais c’est absolument génial de voir ce village en plein effervescence et de voir tous les villageois à pieds d’œuvre !

Je profite de faire les compte avec Keo et lui donne les quelques millions de Kip, que j’ai retiré lors de mon bref passage à Luang Prabang, prévus pour tous ces projets. Comme l’année dernière, je lui refais totalement confiance mais nous le faisons quand même devant témoin. Je préfère nettement qu’il gère lui-même l’argent avec les différents interlocuteurs et comme il me le répète souvent … pas de matériel livré … pas d’argent !

Nous avons également acheté, dans la ‘’book shop’’ à Luang Prabang des livres de contes pour enfants. Nous avons fait une véritable razzia et avons dévalisé le magasin … soit 80 livres-histoires différentes, de quoi débuter une petite bibliothèque dans le village !

Je trouve que c’est quand même une extraordinaire fin d’année 2016 !

En ce dernier jour de l’année, nous passons un réveillon tranquille en comparaison des laotiens qui, dans chaque foyer, festoient en famille autour d’une grande tablée tout en s’essayant au karaoké laotien … ça chante franchement mal … le tout bien arrosé, en sirotant de nombreuses Lao Beer et le breuvage national … le Lao Lao !

Je vous souhaite à vous tous une excellente nouvelle année 2017 et comme on dit ici …

SOK DEE PEE MAY

BONNE ANNEE !!!

Publication du 05.01.2017

01.01.2017 – La cérémonie de remerciement

Les villageois nous ont informés que la cérémonie de remerciement est prévue pour aujourd’hui dimanche 1^er janvier 2017 !

Ce matin, la pluie est de la partie … c’est la première pluie depuis que je suis arrivé au Laos. Nous profitons d’une légère accalmie pour nous rendre en moto au village. C’est dans ces moments-là que nous constatons l’état réel des pistes ! Quand il fait beau, les pistes terreuses et caillouteuses sont sèches, un nuage de poussière se soulève après notre passage … mais quand il pleut, cette même piste devient très dangereuse et horriblement glissante. A de nombreux endroits, nous devons descendre de la moto et continuer un bout de chemin à pieds tout en poussant la moto … les véhicules à 4 roues n’ont aucune chance de passer et devront attendre que le terrain absorbe l’eau de pluie et que la terre durcisse … ça ne doit vraiment pas être drôle durant la saison des pluies.

L’accalmie n’était que de passage car il pleuvra toute la journée en ce premier jour de 2017 !

Au village, pour les festivités, les habitants ont déjà préparé une zone couverte, faite de toiles en plastique. Les femmes sont toutes réunies et préparent le repas de midi … les hommes se sont occupés eux à aller chercher les pupitres de l’école qui serviront de table pour manger …

Je contrôle encore une fois les comptes avec Keo et retrouve également le professeur de l’année dernière qui s’est fait dernièrement opérer du ventre. Il me montre sa cicatrice, 12 centimètres de long ... ! Il va reprendre son poste au mois de février prochain. Je fais également la connaissance de son remplaçant, un professeur d’environ 25 ans, qui parle deux-trois mots d’anglais. Les villageois sont très contents de lui et ils aimeraient vraiment qu’il reste à ce poste durant toute l’année au village … mais ça ne se passe pas forcément comme chez nous ! Le professeur en congé maladie perçoit toujours son salaire … son remplaçant travaille lui sans être rémunéré ! Le gouvernement n’a pas d’argent pour le payer … donc c’est le professeur titulaire qui l’héberge dans sa maison de Muang Ngoi et se sont les villageois du Huay Bo qui lui donnent un peu d’argent pour vivre et le nourrisse au village.

Cette année, la cérémonie ne sera pas une découverte pour nous mais une répétition. Nous avions déjà vécu une telle fête l’année dernière. Par contre, comme cette année les projets réalisés étaient destinés à tous les habitants du village, Keo nous prévient quand même que pour la cérémonie d’aujourd’hui tout le village sera présent et non pas comme l’année dernière où seule une petite partie des habitants étaient venus nous remercier.

La pluie s’étant intensifiée, la cérémonie n’aura pas lieu sous le couvert mais sera organisée dans une maison qui ressemble à une grange-entrepôt qui pourrait être la maison communale, grande demeure construite en ossature bois et parois en bambou avec un sol en bois rehaussé, recouvert de nattes de riz. De nombreux sacs de riz sont entreposés dans cet endroit où se trouvent également sur les murs des affiches de partis politiques. La maison d’à côté, maison de la petite Dao, est également utilisée pour la cérémonie.  Un porc et un canard ont été sacrifiés ce matin pour le dîner ! Tout se déroule dans un premier temps autour d’un autel bouddhiste que les villageois ont préparé … des offrandes se trouvent sur l’autel, dont des aliments cuits (porc, canard, riz gluant, légumes, riz au coco), des fruits et des petits paquets de biscuit. Se trouvent également deux stupas décorés de fleurs, une grande bougie et sur les fameuses ficelles blanches.

Tout le monde est assis sur des nattes à même le sol autour de l’autel, nous touchons l’autel avec la main. Le doyen du village, qui n’est pas le chef du village, dirige la cérémonie … et entame une prière … s’ensuit les longs discours de remerciement De la part du doyen, suivi du chef N° 1 du village, suivi de Keo le N° 2 du village, suivi du N° 3  du village, suivi du jeune professeur … le tout en laotien, où nous ne comprenons que mon prénom que j’utilise ici : Peter (plus simple pour les laotiens que Pierre) … et pour finir un brouhaha d’applaudissements et de cris de l’ensemble du village.

Arrive la phase où les maîtres de cérémonies nous remplissent notre bol de nourriture … et faisons, avec l’expérience de l’année dernière, semblant de manger … suivi d’un petit trou ‘’normand’’ au Lao Lao … véritable tord boyau … alcool de riz local qui doit chercher les 45° à 50° d’alcool … qui plus est a été distillé dans le village … et que tu bois cul sec tellement c’est ’’infecte’’ ! Lorsqu’il te descend dans le corps, tu le sens te désinfecter tous les ’’tubes’’ internes et tue tous les microbes que tu as en toi …

Les villageois sont maintenant invités pour nous remercier … ils se précipitent sur les petites ficelles et nous les nouent en bracelets autour de nos poignets tout en récitant quelques prières … ficelles nous rendant hommage pour notre action, ficelles nous remerciant de notre générosité, ficelles pour souhaiter amour, bonheur, chance, santé, prospérité et pour nous signifier la paix … A NOUVEAU UN TRES GRAND MOMENT RICHE EN EMOTIONS !

Un diplôme de remerciement signé et muni du sceau officiel du chef du village et des lettres de remerciement écrites en laotien me sont également remises en guise de remerciement.

Dans les deux maisons, deux grandes nattes posées à même le sol font offices de table … tous les aliments sont posés dessus. Les hommes sont assis à califourchon autour de ces tables … les femmes quant à elles mangeront dans la zone de la cuisine.

Sont au menu en ce premier jour de l’an : Sticky rice (le succulent riz gluant laotien), soupe de canard, canard grillé, porc grillé, soupe de porc et de légumes (sorte d’épinard), laap de porc - délicieux plat, spécialité culinaire laotienne composé de viande hachée de poulet, de porc ou de bœuf, mélangé avec de nombreuses épices dont un max de piment … et une salade laotienne (type de plat cru que l’on évite bien évidemment de manger dans ces villages, afin de ne pas devoir courir aux toilettes).

Après ce bon repas … le bal est ouvert ! Danses des femmes au son de chansons laotiennes …

Alors que la pluie n’a cessé de tomber, vers 15h30 nous pensons qu’il est préférable de retourner à Muang Ngoi à pieds. Nous saluons tous les villageois, dont certains déjà bien éméchés au Lao Lao et à la Lao Beer, et repartons à pieds en compagnie du professeur titulaire (qui a également préféré rentrer à pieds plutôt qu’en moto) en direction du village de Muang Ngoi sur les pistes boueuses et très glissantes et au travers des rizières … 1h30 de marche … je ne vous explique même pas l’état des souliers et des habits en arrivant !

02.01.2017 – Ecole de Hoysan

Ce matin la pluie a enfin cessée de tomber ! La ruelle principale de Muang Ngoi ressemble plus à un champ de bataille boueux qu’à autre chose.

Après un bon petit déjeuné, nous partons pour une petite marche à destination du village de Hoysan. Quand j’y suis allé  le 21 décembre dernier, j’avais remarqué devant l’école primaire de ce village une boîte pour la récolte d’argent et un panneau indiquant qu’ils avaient récemment pu changer le mobilier des classes et qu’ils recherchaient maintenant de l’argent pour construire un sol en béton (actuellement en terre) …

Durant le trajet, nous nous faisons dépasser par un tracteur … le chauffeur de ce dernier était également présent hier après-midi lors de la cérémonie et nous a tout de suite reconnu. Il transporte justement le ciment pour le bétonnage de la dalle en béton du réservoir et roule en direction de Huay Bo. Ni une ni deux, nous grimpons sur le tracteur et effectuons quelques kilomètres à ces côtés et il nous dépose devant le sentier allant au village de Hoysan.

Arrivé au village de Hoysan, nous n’avons malheureusement pas de chance ! L’école est fermée aujourd’hui ... en essayant de trouver le professeur dans le village, un jeune homme vient à notre rencontre et nous informe que le professeur habite à Muang Ngoi et qu’il sera ici demain. Nous lui expliquons que demain nous ne serons pas là mais que j’aimerais leur faire un don de 3'000'000 de Kip (410 CHF) pour la réalisation de la dalle en béton de l’école. En 3 minutes, un des chefs du village se trouve à mes côtés avec la fameuse boîte à donation et j’y intègre les 60 billets de 50'000 Kip … et nous repartons à pieds en direction de Muang Ngoi.

 03.01.2017 – L’heure du départ a sonné

Comme l’année dernière, je n’ai pas l'intention de rester au Laos jusqu’à la fin des travaux car nous avons également envie de profiter un peu de nos vacances pour nous reposer.

Ce qui est certain c’est que tous les travaux ont débuté et sont bien avancés, autant l’école, les toilettes que le réservoir d’eau. Rien que pour le réservoir d’eau, il me faudrait rester ici encore une trentaine de jours, le temps de la réalisation de la dalle et de séchage de l’ouvrage, afin de voir le premier remplissage en eau.

Tout l’argent pour ces projets est entre les mains d’un des chefs du village. De plus, j’ai laissé deux lettres à Keo qu’il va faire lire, lorsque les travaux seront terminés, aux futurs voyageurs qui se rendront dans le village. L’une des lettres est écrite en français, l’autre en anglais. Elles expliquent aux voyageurs que j’ai découvert comme eux ce village en 2011 et que je suis revenu ici quelques années plus tard pour réaliser des projets que j’ai commencé à construire en décembre 2016 mais que je n’ai malheureusement pas pu voir terminé. S’ils pouvaient me faire quelques photos lors de leur passage et me les envoyer par mail se serait vraiment sympa ! L’année dernière, j’avais procédé de la même sorte et j’avais reçu des photos de l’école terminées de la part de 3 voyageurs différents.

Situation des projets au 3 janvier 2017 :

Pour l’école

- Les ouvriers doivent finir le crépissage extérieur de la façade

- La porte doit être posée

- La peinture blanche devra être appliquée

- Les éléments ondulés de la toiture n’ont toujours pas été livré sur place. Ils doivent arriver cette semaine.

- La toiture doit encore être changée

Pour les toilettes

- La construction des murs est en cours

- La porte devra être posée

- Les crépis devront être réalisés

- Une partie de la toiture de l’école actuelle sera posée sur le bâtiment des toilettes

Pour le réservoir 

- La dalle de recouvrement doit être coulée

- Le temps de séchage doit être respecté

Pour les fouilles

- Tous les travaux sont prêts pour un raccordement sur le futur réservoir 

Pour les filtres de purification d’eau

Lors des premières filtrations d’eau, l’eau avait un petit goût de plastique dû aux premières utilisations. Après 3 ou 4 filtrations, ce goût à totalement disparu et la population est très contente du résultat !

Juste pour votre info Gabriel, le propriétaire suédois de ma guesthouse de Muang Ngoi, m’avait également demandé de lui acheter pour son restaurant, un filtre de purification. Depuis Noël, il utilise cette eau filtrée pour boire, pour la machine à café et pour cuisiner les petits plats des voyageurs … sans pour autant avoir reçu depuis des réclamations pour des problèmes intestinaux !

Pour conclure ces trois premiers projets, voici ci-dessous les montants dépensés pour ces trois projets :

Ecoles de Huay Bo et Hoysan :

J’aimerais remercier infiniment Elena et le Lion’s Club des 3 Lacs pour leurs très importants dons pour la réalisation de ce 1^er projet !

Réservoir de 12'500 litres 

J’aimerais remercier infiniment Florence, Laurent et le bureau Ribi pour leurs très importants dons pour la réalisation de ce 2^ème projet !

Filtres :

Les 47 familles de Huay Bo tiennent à remercier les 45 personnes qui ont financé la totalité des filtres de purification d’eau ! Chaque fois que vous ouvrirez votre robinet … je pense que vous aurez une petite pensée pour la famille que vous avez aidée à l’autre bout du monde !

Nous repartons de ce petit village de Huay Bo où cette année pas moins de ... 13'740 CHF ont été dépensés utilement pour l'amélioration de la vie de tous les jours de ces merveilleux habitants laotiens ...

Merci infiniment de m’avoir suivi durant ces trois semaines et comme on dit ici …

Khop Chai La Lai (merci beaucoup) !

Il est temps pour nous de prendre quelques jours de repos bien mérité à Bali … via une petite escale de quelques jours à Singapour …

Publication du 20.01.2017

19.01.2017

Nous sommes rentré en Suisse le samedi 14 janvier 2017 en fin de soirée ... différence de température : 40° de moins ici !!!

J'ai repris mon travail lundi 16 janvier 2017 ... et aujourd'hui 19 janvier 2017 ...

... je reçois les premières photos de Huay Bo !

Un collègue de travail, actuellement en congé sabbatique de 2.5 mois à justement passé ces deux derniers jours à Huay Bo et m'envoi ces quelques photos (désolé pour la qualité des photos prisent avec un téléphone portable) :

Publication du 17.02.2017

15.02.2017

Très belle nouvelle ce matin !!!

Léna-Marie, la fille de mon ex-entraîneur de inline-hockey à Bienne Seelanders, Hansou, c'est rendu dans le village de Huay Bo et me transmet ces quelques photos :

Publication du 11.03.2017

09.03.2017

Nouvelles photos envoyées par une voyageuse francophone ! Un grand merci à elle.

En regardant les photos ... et avec un peu de recul ... et quelques larmes le long de mes joues ... je prends enfin conscience de ce que je suis allé faire dans ce village à l'autre bout du monde ...

Khop Chai La Lai (merci beaucoup) !

Publication du 25.03.2017

21.03.2017

Nouvelles photos envoyées par une voyageuse anglophone ! Un grand merci à elle.

Les travaux sont à présent terminés !

Message de la voyageuse Melina que je ne connais pas :

Hello Pierre,

We read your message at Konsvan guesthouse so please find enclosed some pictures of the school and water tank in Huay Bo.

Now everything is finished, and Mr Keo was very proud to show us what they did with your money. Honestly it is a really good job as you can see on the pictures, and the water tank is SO useful for the villagers. 

In the name of all the people living there, thank you very much

Regards,

Melina